Archives du quartier - Chapitre 2 : L'odyssée des ISSEP
Chapitre 2 : L’odyssée des ISSEP
Le Quotidien de Paris publie
le mercredi 4 décembre 1991 un supplément gratuit qui résonne aujourd’hui
drôlement, avec sa une, avant la fusion des 4 arrondissements centraux.
Mais restons centrés sur
notre deuxième préféré et découvrons les points mis en avant quant aux
nouveautés du nouveau quartier Montorgueil / Saint-Denis (MSD pour les
intimes).
Outre les pavés en marbre de
Carrare, les nouveaux éclairages, l’accès contrôlé, l’interdiction absolue de
stationnement on voit apparaître un service spécial de surveillants : les
ISSEP (Inspecteurs de Salubrité et de Surveillance de l‘Espace Piéton).
J’aurais l’occasion de
revenir sur ce corps de fonctionnaire qui a disparu très vite et qui devait
jouer un rôle essentiel dans le fonctionnement du quartier piéton.
À lire donc un encadré titré
« Un projet sous haute surveillance » et un extrait de l’entretien
« Benoite Taffin, maire du IIème La
concertation pour principe »
Bonne lecture
Fabien S
Un projet sous haute
surveillance
Tous les élus du centre de
Paris ont, pour le
nouveau projet de zone
piétonne mis en œuvre par
Alain Dumait et Benoîte
Taffin, les yeux de Chimène
avec une pointe de méfiance en
plus. C’est que, dans
le cœur de la capitale, on
est sérieusement échaudé
qui par Beaubourg, qui par le
Forum des Halles.
Aussi, dès qu’on prononce les
mots quartier piéton,
les visages se ferment.
Pourtant, avec le quartier
Montorgueil/Saint-Denis,
c’est l’espoir qui revient.
Espoir de régler enfin les
problèmes liés à la circula-
tion et au stationnement,
espoir encore d’offrir des
rues où la vie redeviendrait
possible et sure.
« Ce quartier est exemplaire,
commentent le maire
et son premier adjoint, il
est populaire, mais pas très
éloigné des palais de nos
rois ; il est ancien, plusieurs
de ses voies respectent
encore le tracé du Moyen
Age; ses immeubles sont
souvent dégradés, faute
d’avoir été entretenus,
victimes d’une réglementation
inepte. De ce fait, un
certain nombre d'entre eux sont
envahis par la confection
quand ce n‘est ms la
prostitution ; la voie
publique est perpétuellement
encombrée. Dans ces
conditions, la population décli-
nait chaque année.» A
l'initiative de ces habitants
sinistrés naquit pourtant le projet
de chasser les
voitures indésirables. Après
des années de consulta-
tions, de concertations qui
sont allées bien plus loin
que celles prévues par les
textes officiels. Les rencon-
tres organisées ont été
souvent tenues rue par rue,
voire immeuble par immeuble!
En outre, chaque
semaine, Benoîte Taffin réunit
toutes les administra-
tions concernées afin de
suivre non seulement les
progrès des aménagements,
mais aussi pour leur faire
connaître la moindre remarque
émanant des rive-
rains. Résultat, la question
posée dans le cadre d’un
sondage réalisé auprès des
habitants et commerçants
concernés : pensez-vous que
1e projet général (...)
contribuera à l'amélioration
de l'environnement ? a
obtenu 8 % de oui, et à
l’autre : pensez-vous que la
mise en service de la voie
piétonne nécessite ou non
une augmentation de
surveillance et de sécurité ?
59 % des habitants et 5 % des
commerçants ont
répondu oui.
Ainsi. rue par rue est en
train de grandir une zone
piétonne d'un genre nouveau
bénéficiant d'un service
spécial de surveillants, les
lSSEP, créés par la Ville;
d’un accès contrôlé pour les
camions de livraison et
les voitures des riverains ;
d’une interdiction absolue
de stationnement; elle sera
dotée de trottoirs sous
lesquels sont dissimulés les
caniveaux ; pavée de
pierre Carrare ; équipée de
nouveaux éclairages.
D'ici trois ans, 20 hectares
échapperont donc définitive-
ment à la folie automobile
pour la plus grande joie
des habitants du quartier le
moins motorisé de Paris.
On y a en effet recensé mille
deux cents voitures (soit
0,28 par ménage) dont la
plupart ont déjà un lieu (le
parking, le reste devant
trouver place dans les parcs
de stationnement prévus au
programme. Seule incon-
nue, y aura-t-il ou pas
envahissement par les SDF ‘I
Les réponses dans quelques
mois.
Q. - En quoi ce projet est-il
novateur
au point d’être littéralement
mis en
observation par vos voisins ?
B. T. - La nouveauté porte
sur deux
points. D’abord l'accès
contrôlé à la
zone piétonne, grâce aux
bornes
rétractables, allié à
certaines inno-
vations de voierie. C’est
ainsi que
nous avons laissé des
trottoirs qui
permettent de canaliser les
quelques
véhicules admis et surtout de
baliser
les terrasses et les
étalages.
Ensuite, et là nous sommes au
cœur
de l'actualité, la création
d’un corps
d'inspecteurs municipaux des
parcs
et jardins affectés à la
surveillance
de ce quartier piéton. Ce qui
appa-
raît pour beaucoup comme
l’em-
bryon d’une police
municipale.
C'est en effet la première
fois que,
sur la voie publique, Vous
verrez des
agents en uniforme
n’appartenant
pas aux forces de police.
Il y a d’ailleurs eu un effet
indirect
généré par cette initiative
puisque le
préfet de police a attribué
des îlo-
tiers à cette zone.
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